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a i r (e)  de  j e (ux)
24 avril 2010

Les arrivants : quelque part, terre promise ?

Les Arrivants

C'est sous l'ébranlement lent (et l'égide) de l'éléphant Ganesh, divinité des entreprises humaines que s'ouvre la chronique documentaire de Patrice Chagnard et Claudine Bories, à l'intérieur de l'antenne de la CAFDA, Coordination d'accueil des familles demandeuses d'asile.
Surmonter l'épreuve de l'accueil, une perspective viscérale chevillée à l'âme  de chaque famille parmi les milliers qui  se présentent à la CAFDA dans le 20 éme arrdt de Paris, avec ou sans bagages, ou passeport, épuisées par leur si long périple d'exil, au péril de leurs vies, se heurter au labyrinthe d'une éventuelle prise en charge transitoire avant d'obtenir le statut de réfugiés. Du Sri Lanka, de Mongolie, de Tchétchénie, d'Afrique, autant d'histoires, de destins atemporels et agéographiques. Parfois, les familles ne savent pas dans quels pays elles se trouvent, ni par où elles ont transité  En face, pour interlocuteurs, des assistantes sociales, des juristes, qui doivent déterminer les critères, déchiffrer, déceler, reconstituer les parcours pour mieux orienter, aider, à l'intérieur d'un cadre et de moyens restreints, d'une administration caricaturale.
C'est ce face à face humain, dans la tension ou la paix muette des petits bureaux, auquel colle majoritairement le processus de révélation. Déjà auteurs respectivement des remarquables "Convoi" (road movie où trois hommes acheminent de la nourriture en Arménie) et "Monsieur contre Madame" (huis clos à vif des bureaux de médiation familiale) , les deux réalisateurs intriquent ici sans y toucher le récit de l'errance dans la procédure d'examen paradoxal. Décryptage ( l'influence des rôles des traducteurs y est primordiale) contre autodéf(i)ense. Entre compassion et agressivité acerbe parfois, celle de l'impuissance, du sentiment de culpabilité des travailleurs sociaux, face à une telle pression.
Tout contre. Colette, l'ancienne, maternelle et débordée, Caroline, la jeune, impulsive, se battent, elle mêmes tributaires, submergées par l'afflux. En face, comme une nudité à qui l'on demande de se déshabiller à nouveau, dans les tremblements des souvenirs.
La famille tamoule menacée pour son engagement politique, la jeune Zahra, érythréenne enceinte de 8 mois sur la défensive, le couple journaliste mongols, interdits devant la nervosité de l'assistante qui les "cuisine". Autant de portraits complexes, tiraillés par le jeu absurde des difficultés de communication.

Tous, figures individuelles d'un monde de persécutions, au guichet des porte entrouvertes d'un pays d'accueil réticent qui fait le tri, dans la plus grande confusion.

Et nous, également submergés, flottons à vue au gré de l'extrême pudeur du filmage, tant le réel nous cogne dans ses témoignages, et le malaise palpable des structures d'accueil.

Dehors, une ville abstraite se dessine, étrange et sans repères, scandée par les transports, incessants allers retours, pour ces étrangers apatrides, électrons libres nulle part.

Comme conclut Olivier De Bruyn dans sa critique sur "Rue 89", ce qui est palpable au plus près en définitive, c'est cette" toile de fond omniprésente : le rapport ambigu de la France avec son immigration."

Encore un film simple qui s'accroche à la mémoire , bien sûr, un documentaire...

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